Le Misanthrope

Comme ils savent parfaitement le faire, la mise en scène et le jeu respectent entièrement le texte tout en offrant une forme et une interprétation fraîches et modernes. Sans pourtant rien modifier de la pièce, l'équipe belge recentre l'intrigue sur le personnage de Célimène, objet du désir d'Alceste, l'atrabilaire amoureux, comme le définit le sous-titre donné par Molière à son oeuvre. La liberté et la coquetterie de la jeune fille, son don pour l'art de la discussion, son salon fréquenté par de petits marquis poudrés qui la courtisent futilement, en feraient aujourd'hui une parfaite blogueuse ou youtubeuse.
C'est avec ce parti pris tonique et actuel que Dominique Serron remet au goût du jour le propos de la pièce : une satire de la vanité d'un monde du paraître, de l'hypocrisie d'une sociabilité et d'une amabilité obligatoires («Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde»), une mise en question de la valeur des sentiments et des rapports humains.
L'occasion de découvrir ou de redécouvrir un classique sous un jour nouveau.